Ré-pétition contre un égo-centré
Je suis
L’homme avorté,
Jusque dans mes atomes dégoulinant la sueur de la vie
La douleur s’écoule lentement
Goutte-à-goutte s’infiltrant dans mes veines
Dans de morphines pensées
Je suis
L’homme tranché dans le lard !
Goret vomissant ses plaies outre groin
La nausée vient d’ici ! Mon égo en émane !
Mon Je, s’exècre lui-même dans d’aiguës révulsions
Je me dégueule et contemple cet amas fétide dans de répulsifs reflets
Je suis
L’homme moignon du sommet des platanes !
Membre fantôme d’un espace social en faille
Narcisse aux yeux crevés
Amputer dans ma racine, dans le vif du sujet sanguinolent
Scission jusque dans ma moelle atomique !
Je suis
Le synge-bolique rompu du réel
L’homme au langage-étoile
Dont les myriades galactiques s’effondrent dans de noires absorbions
Sanglante scissure m’écorchant de la chose
Ou suinte l’abo-minable monstre miroir
Je suis
L’homme crochet aux poignets sanctionnés
Dont le dessein feint d’agripper les nuages
Dans une envolée de chimères d’or
Happer l’œil opale dans l’arc-en-ciel de l’autre
Moi-Errant dans l’effervescence topaze du néant
Je suis
L’Homme-vortex s’égorgeant du savoir
Dans les écrins blanchâtres sculptés de lettre de jais
C’est une ancre fantôme dans ce blizzard humain
Ame à l’amarre perdue dans le quark maternel
Particule-Lego à l’architecture du manque
Je suis
L’homme-Babel à la prétention des éthers
L’homme aux verbes- puzzles à l’orgueil d’infinitude
L’homme-ruisseau contemplant un reflet vagabond
L’homme-l-être se constituant dans les murmures des mots
L’homme-je-suis se croyant lui-même dans une douce illusion
Je suis
L’homme-dépouillé du savoir de lui-même
Dans l’étrange question aux courbes d’interrogations
C’est dans ce trou vidé de sa substance
Dans la brillance gravitationnelle des mots-galaxies
Qu’éclot ma naissance ratée
Ouvrant sur les chemins du désir que désormais
Je suis…